Et si Rousseau avait ouvert la voie à la musique de film? Et s’il avait annoncé nos actuelles lectures musicales? Avec Pygmalion, dans la deuxième moitié du 18e siècle, il ose un geste esthétique innovant: le mélodrame.
L’originalité de cette pièce en un acte, créée à Lyon en 1770 et qui inspirera des générations de musiciens, est d’associer musique et déclamation parlée en les alternant ou les juxtaposant sans les fondre, comme à l’opéra.
En réalité, derrière cette forme nouvelle, se joue le rapport paradoxal que Rousseau entretient avec la musique. De manière à peine voilée, il y critique le bienfondé de la vocalité chantée. Il exprime ainsi des préoccupations qui lui sont chères, notamment liées à l’origine des langues: le penseur semble chercher un genre qui puisse exprimer l’accent originel des langues, celui des passions, sans les dénaturer ni les trahir par les artifices de l’art. Son but: rendre à la voix sa fonction première – celle de créer du sens.
En amont des représentations du concert-spectacle de Pygmalion à la Fondation Bodmer, interprété par l’ensemble Archi Luminosi, la MRL réunit trois spécialistes pour nous éclairer sur cette œuvre résolument nouvelle: Jacqueline Waeber, musicologue réputée pour ses recherches sur l’œuvre musicale de Rousseau, Martin Rueff, professeur, et Olivier Bettens, récitant du spectacle Pygmalion. En leur compagnie, nous prendrons la mesure de ce mélodrame précurseur et de son influence, tout en le recontextualisant dans l’histoire des idées.
Cet événement exceptionnel, tant il est rare d’entendre jouer Pygmalion, a été initié par Chiara Banchini, violoniste de renom, en partenariat avec la Fondation Bodmer.
Avec
Jacqueline Waeber, musicologue
Martin Rueff, spécialiste de Rousseau
Olivier Bettens, récitant de Pygmalion
Plus d'informations et réservation: MRL.
Informations sur les représentations du concert-spectacle: Fondation Bodmer.
